Mehdi Nédellec est un photographe-auteur dont l'une des spécialités est de réaliser des prises de vue uniques à la chambre (chambre noire photographique , la fameuse "Camera Obscura", déjà connue et probablement utilisée par certains peintres de la Renaissance ). C'est une technique ancienne, peu connue du grand public, mais que les amateurs de photographie et les connaisseurs prennent pour le nec plus ultra de l'art photographique. Photographe aguerri et initié aux lois de l'optique comme à celles de la chimie argentique, Mehdi a réinventé et adapté le procédé de la Camera Obscura à sa façon en construisant sa propre chambre photographique . On est à l'opposé de l'instantané, à des années lumière des capteurs numériques et des filtres Instagram, aux antipodes du HDR des smartphones.
Réaliser une photographie à la chambre requiert un certain nombre de facultés : des compétences techniques certes, mais aussi un sens artistique, des intuitions visuelles et des qualités humaines et relationnelles. Qu'il s'agisse d'un portrait (la spécialité de Mehdi) ou d'une scène de genre, la manipulation de l'appareil exige rigueur, patience, précision et concentration. Il s'agit d'attendre l'exact instant pour laisser entrer la lumière dans la boîte et effectuer une prise de vue qui reflète l'essence même du sujet. L'interaction du photographe avec la personne photographiée est donc une autre composante essentielle: Mehdi conçoit la mise en scène, propose une posture, une attitude, en fonction de la lumière, du décor, de la teinte de peau, et le sujet photographié doit patiemment se laisser guider par l'artiste.
Pour chaque candidat, les quelques minutes de préparation qui précédent le déclenchement constituent une expérience étonnante. Ce peut-être déconcertant voire intimidant même , car on se voit subitement projeter au cœur de l'attention comme si l'on était seul en scène sur les planches d'un théâtre.
Cela fait déjà plusieurs années que Mehdi Nédellec arpente les festivals avec sa chambre photographique portative pour réaliser les portraits de passants anonymes et parfois aussi de personnalités connues. Le résultat est toujours saisissant. On décèle dans ses photographies une pureté et une authenticité, le piqué de l'immobilisme ou le flou du mouvement calculé, toute chose que la photographie numérique n'est pas en capacité de restituer.
TransAfrik Art présente quelques uns des portraits de la série "Ink & Skin" réalisés avec ce procédé. La force et le poids visuel de ces portraits en noir et blanc, obtenus par des contrastes de tonalités puissants, leur confère une intensité dramatique qui n'est pas sans rappeler les chefs d'œuvre "chiaroscuro" de la peinture flamande.
NJ
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